Après Eric Berne, l’AT continue

Au sein de cette « A.T. classique », les différentes approches sont considérées comme complémentaires et susceptibles d’être combinées en dépit de leur divergences.

José Grégoire – Les orientations récentes de l’analyse transactionnelle

Une école de pensée désigne un ensemble de personnes qui partage des opinions semblables ou un point de vue similaire en philosophie. 

Eric Berne a fait de l’AT une discipline ouverte, dans la mesure où le processus reste éthique et contribue à guérir le patient. Nombre de transactionnalistes ont alors apporté leur singularité en contribuant à son développement.

Aujourd’hui encore, l’AT évolue. Chaque trimestre paraît la revue Actualités en analyse transactionnelle (AAT) en français, et le Transactional Analysis Journal (TAJ), en anglais, qui questionne les pratiques. Chaque analyste transactionnel peut y contribuer en écrivant des articles de fond qui contribueront au développement de l’AT. Les cinq écoles présentées ci-dessous sont extraites d’un article de J. Wilson & I. Karina, publié dans le Classique des ATT n°1.

L’alliance du DISC de Marston et de l’AT – Part 2

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Carlo Moïso1 (1945-2008), analyste transactionnel italien, a développé, à partir de la pensée de Berne, le schéma d’identité.

 

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En arrivant au monde, l’enfant est fondamentalement OK. C’est à dire, c’est OK d’être comme je suis dans ce monde. Carlo Moïso appelle le bébé, Enfant Naturel ou Prince (pour reprendre l’appellation de Berne).

L’enfant a des besoins et si les réponses sont adaptées, l’enfant va se sentir bien et commencer à développer sa propre autonomie2.

Si les réponses ne sont pas adaptées aux besoins, l’enfant se sentira blessé ou bloqué dans la satisfaction de ses besoins. Cette étape est celle du Prince Blessé.

L’enfant va alors penser qu’il y a des choses chez lui qui ne vont pas et qu’il va falloir vivre avec ça. Cette étape est celle du Crapaud, toujours en référence aux contes de fée, appelée aussi Identité Profonde Adaptative.  L’identité est profonde car cachée, des autres et de soi, ceci pour mettre de la distance avec les blessures anciennes. L’identité est adaptative car l’enfant, puis l’adulte qu’il deviendra, s’adapte à cette situation. Les manifestations du Crapaud peuvent être visibles sous stress.

Comme une identité de crapaud n’est pas acceptable socialement, l’enfant va se créer une identité sociale, le Masque ou Identité Adaptative Sociale. Nous retrouvons ici la persona de Jung.

Enfin, la dernière étape est celle du Héros. Il s’agit d’atteindre sa personnalité idéale, préférée. Au service du Masque, le Héros mettra davantage en valeur l’aspect social de la personne.  Un exemple :

Thierry est l’aîné d’une famille de 4 enfants. Il est chirurgien de profession. Dans sa famille il y a un lien très fort avec la médecine. Son père était cardiologue et son grand-père était médecin de campagne. Pour lui l’avenir était tout tracé, il se devait d’embrasser la médecine. Ses modèles sont nombreux, à commencer par De Vinci, un des premiers anatomistes, jusqu’aux chirurgiens les plus réputés, pratiquant telle greffe ou réussissant telle transplantation.

Dans cet exemple, le métier de chirurgien n’est pas un choix autonome, il a été fortement influencé par l’histoire familiale. Néanmoins, Thierry vit très bien avec sa profession, son Masque professionnel lui sied parfaitement. Sa volonté d’aujourd’hui est de devenir un chirurgien qui marquera son époque par ses succès, à l’image de ses Héros.

Thierry a toujours aimé le bois. Enfant, il construisait des cabanes, aujourd’hui, dès qu’il le peut, il façonne des meubles. Bien qu’il n’ait jamais suivi de formation, André-Charles Boulle est sa référence en matière d’ébénisterie.

Nous pouvons imaginer que Boulle est un Héros au service du Vrai Soi,  la partie autonome de Thierry. Dans se cas, Le Héros contribue à une volonté de croissance, de recherche de sens, de développement faits à partir de choix intimement personnels.

Pour autant, il n’y a pas de dichotomie entre la partie scénarique et la partie autonome de notre identité. L’être humain est un tout éminemment complexe.

La théorie des types de comportement du DISC propose deux styles, naturel et adapté que je rapproche des étapes de l’identité profonde adaptative et l’identité adaptative sociale.

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Le style naturel : c’est le comportement d’une personne hors pression sociale. Seul ou dans l’intimité familiale, il enlève le Masque. Il se rapproche du Prince qu’il a été et peut aussi se retrouver au contact de son Crapaud.  Si vous souhaitez voir un petit morceau de votre Crapaud, observez-vous au volant de votre voiture, en plein embouteillage, un jour où vous avez un rendez-vous important.

Le style adapté : c’est le comportement d’une personne sous pression sociale, au travail, en société… Ici la personne met le Masque qu’elle aime montrer et avec lequel les autres la reconnaissent. Si vous souhaitez appréhender cette zone de votre identité, réfléchissez à comment vous entrez en relation dans un groupe. Quelques exemples : le bon père de famille, le râleur, l’expert, le comique, le sympa… Tant que la personne est reconnue dans son identité sociale, le masque tient.

Avec le modèle du DISC, en tant que coach j’accompagne mes clients à construire leur identité préférée.

Dans un premier temps, il s’agit que comprendre ce qui justifie les écarts entre le style naturel et le style adapté. Ensuite, de vérifier s’il y a adéquation entre l’identité sociale et les attentes de l’environnement. Enfin, d’accompagner mon client sur les chemins  qui lui

[1] Moiso – Besoins d’hier, besoins d’aujourd’hui – Edition AT

[2] Le schéma d’identité est expliqué en détail sur le blog http://journal-coach.blogspot.fr/2013/02/le-modele-des-identites-de-carlo-moiso-1.html

Le manager nu

Ulysse et les sirenes

Hubert James Draper – Ulysse et les sirènes (extrait) Art Galley, Kingston

 

Depuis l’enfance, nous apprenons à penser, nous développons nos compétences cognitives. Au lycée, puis post-bac, les filières scientifiques sont valorisées, surtout chez les garçons, car mieux reconnues sur le marché des grandes écoles et de l’emploi.

Quand une personne accède à un poste d’encadrement, elle est largement formatée, soit parce qu’elle sort de l’école et à une tête bien pleine, soit parce qu’elle a fait la preuve de ses compétences, souvent techniques ou stratégiques. Les managers ont le cerveau gauche bien musclé, parfois hypertrophié.

 L’art, catalyseur émotionnel

Très utiles pour la stratégie de l’entreprise, à quoi servent toutes ces connaissances quand le manager doit faire face à un conflit entre collaborateurs, quand il doit refuser une demande de congés ou féliciter son équipe pour la réalisation d’un projet ? Je fais l’hypothèse que si nous n’apprenons pas à ressentir, c’est parce que cela est inné !

Pourtant, je rencontre régulièrement des personnes qui se trouvent dans une sorte d’engourdissement corpo-émotionnel.

A l’occasion d’un accompagnement, une cliente me demanda : « à quel moment je saurai si mon interlocuteur essaye de dominer la situation ? »

Tout est là, les sensations corporelles et émotionnelles ne manquent pas mais sont comme emballées dans un film plastique. Nombre de personnes n’y ont pas un accès direct.

L’art, non comme spectateur mais comme acteur, permet de se défaire de cet emballage psychique et libère le ressenti émotionnel. L’activité artistique fait travailler le cerveau droit et cela sert au manager à développer ses capacités relationnelles. Or, la fonction de manager se repartit à 70% dans la relation et 30% dans les opérations. Il conviendrait de savoir être avant de savoir faire.

Développer son autonomie

Par autonomie, je fais référence au concept d’Eric Berne[1], fondateur de l’analyse transactionnelle. Il s’agit de développer une conscience claire, être dans l’ « ici et maintenant ». Quand le manager conduit une réunion, il est pleinement présent. Il ne pense pas à l’entretien qu’il aura avec son collaborateur ou son hiérarchique dans quelques heures car absent de tête et de cœur, seul son corps serait présent, inerte et sans consistance.

Imaginez ce manager, derrière un chevalet, crayon à la main, regardant un modèle nu.

Comment se sent-il ? Sa culture judéo-chrétienne remonte à la surface, son éthique, ses valeurs, sa morale posent un regard critique, voilent la réalité de l’instant et l’empêchent d’être pleinement présent. Il lui faudra un peu de temps pour prendre conscience de l’exercice, rejeter les messages réprobateurs qui l’envahissent et vivre l’instant. La nudité du modèle est une pression qui agit à l’inverse de celle de l’environnement professionnel. Plutôt que de renforcer le système de défense qui permet de lutter contre le stress, cette pression aura un effet cathartique. La nudité physique du modèle dans ce cadre artistique provoque la nudité psychique. Le manager se met à nu.

La conscience permet d’accéder à la spontanéité. Au sens bernien, il s’agit de mettre de côté ses préjugés, pour ressentir la palette des émotions en présence et les exprimer. Qu’éprouve le manager à l’heure de la fixation des objectifs, les siens ou ceux de son équipe ? Qu’éprouve-t-il quand il doit arbitrer entre 2 projets ? Qu’éprouve-t-il quand il donne une augmentation de salaire ?

Cette question du ressenti est présente quand le manager commence à tracer un trait sur sa feuille, avec la volonté de représenter une personne. Le choc est rude.

D’un expert dans son domaine, il se retrouve débutant. C’est grâce à cette remise en question que le manager revisite les 4 émotions fondamentales, peur, tristesse, colère et joie en 5 minutes, durée d’une pose.

La peur de mal faire jusqu’au fantasme de faire mal. Certains diront, en parlant du modèle,  « la pauvre », comme si le trait du crayon était le trait d’une flèche.

La peur du regard des autres est présente, peut être la tristesse d’une aura perdue, sans doute la colère de ne pas réussir et enfin la joie de produire.

Cet exercice rend humble et l’humilité conduit à l’intimité. Selon Berne, l’intimité est la capacité à rencontrer l’autre en toute simplicité, juste pour ce qu’il est, sans vouloir en tirer un bénéfice particulier. En entreprise, il s’agit d’une proximité sociale, suffisamment amicale pour se dire ce qui va, ce qui ne va pas, sans crainte d’exploitation ultérieure. C’est aussi la capacité d’un manager à être proche de son équipe à certains moments, à être distant quand la situation l’impose, sans culpabiliser.

Le dessin de modèle vivant pour débutants à cette faculté de rapprocher les personnes. Chacun rencontre l’autre, y compris le modèle qui redevient une personne pendant ses pauses. Les personnes parlent de leur expérience, regardent les productions environnantes, sans intention de compétition.

Le détour peut être effrayant pour les managers qui ne sont pas prêts à la prise de conscience de leurs comportements, à ressentir leurs émotions et à construire des relations professionnelles apaisées. Pour les autres, cette expérience artistique les enrichira par un autodiagnostic puissant et confrontant. Elle contribuera au développement de l’humilité, l’empathie et la joie d’être.

[1] Eric Berne – Des jeux et des hommes – Ed. Stock

Un coach doit-il être certifié ?

certifiedDès lors qu’un manager souhaite s’engager dans une démarche de coaching, la question de la certification du coach va se poser, par lui-même, sa direction ou sa DRH.

Il y a une multitude de coachs  et la tendance est aussi à la multiplication des superviseurs, celui ou celle qui « coache les coachs ». Le marché n’étant pas réglementé par l’état, chacun peut se déclarer coach et/ou superviseur.

Alors, est-ce qu’un coach ou un superviseur doit être certifié ?

Oui, peut être, pas forcément. Je remplace cette question par la vraie question : est-ce que ce coach (ou superviseur) sera suffisamment compétent pour m’aider à progresser ?

C’est là tout l’enjeux d’un accompagnement, le résultat espéré sera-t-il au rendez-vous ? Qui peut prédire un résultat qui est le fruit de la relation entre deux personnes, des sujets qu’ils vont traiter, de leur appropriation par la personne accompagnée et de l’application qu’elle en fera dans son environnement professionnel ?

A quoi sert une certification ? 

En premier lieu, à rassurer le client ce qui, en soit, est déjà important pour exercer ce métier. C’est d’abord un effet marketing, la marque, la couleur, le format d’un produit, rassurent quand ils sont en adéquation avec les représentations que s’en fait le client. Donc si j’ai le label « Grande Ecole Très Connue » j’ai sans doute plus de chances d’inspirer confiance et de vendre mes prestations d’accompagnement.

L’autre fonction d’une certification, pour le client,  est la traçabilité du parcours personnel du coach.

Toutes les certifications de se valent pas. Certaines s’obtiennent en 3 ou 4 jours, d’autres en quelques semaines, quelques mois ou quelques années. Il conviendra de regarder le cahier des charges de la certification obtenue. Certaines sont très théoriques et passent en revue quasiment toutes les approches possibles d’accompagnement alors que d’autres sont davantage basées sur la pratique et l’expérimentation entre pairs. Au-delà du cursus, le coach s’est-il s’engagé dans un processus de psychothérapie, s’est-il fait régulièrement superviser pour obtenir sa certification ?

Certification et qualité sont deux sujets différents.

Considérons la certification comme un label, à l’instar des AOC. Prenons l’exemple des vins.

Pour avoir droit à l’AOC « côtes-du-rhône » la parcelle de vigne doit pousser sur un périmètre bien défini. Pour autant, le vin est-il toujours de bonne qualité. Evidemment non, si le terrain favorise la qualité du vin, il ne fait pas tout. La façon de travailler le raisin,  le processus de vinification joue également un grand rôle dans l’alchimie et la qualité finale.

Le vin issu de la vigne qui pousse sur la parcelle d’à côté, qui n’est pas en AOC est-il nécessairement mauvais ? Evidemment non, il peut être très bon sans l’AOC.

Les exemples sont multiples. Tout le monde dans sa scolarité a vu des différences dans la qualité d’enseignement de ses professeurs, pourtant ils ont suivi le même cursus de formation. Idem pour les médecins, à formation égale, compétences inégales. Pour les coachs, c’est pareil.

Si la certification ne garantit pas la qualité alors quoi faire ?

Le coaching est un exercice intuitu personae.  Comment vous sentez-vous en présence du coach qui vous rend visite ?

Le premier entretien, dit commercial, est fait pour envisager un accompagnement de quelques séances avec quelqu’un que vous ne connaissez pas et à qui vous allez dire des choses personnelles. Si le courant ne passe pas, avec ou sans certification, ne vous engagez pas plus loin.

Si la relation vous semble possible, vérifiez ce que fait le coach pour entretenir ses compétences en terme de formation, supervision, psychothérapie.

Enfin, vous avez le droit à l’erreur. Le contrat que vous allez passer avec le coach prévoit-il les modalités d’un arrêt prématuré ?

Après ces vérifications, il me reste à vous souhaiter un bon coaching !

Je suis OK / Tu es OK – II

Une épistémologie de « OK » en AT

Les positions de vie

C’est au chapitre 12 du même ouvrage[1], « la classification des positions de vie », que nous entrons dans une signification propre à l’AT. Les 4 positions de vie, qui vont conduire à des considérations sur soi et les autres.

  • Je suis OK / Tu es OK
  • Je suis OK / Tu n’es pas OK
  • Je ne suis pas OK / Tu es OK
  • Je ne suis pas OK / Tu es OK

C’est un regard sur la valeur intrinsèque que chacun s’accorde et accorde aux autres. Là encore, « OK » se rapporte à une analyse structurale. Ces positions fondamentales vont entrainer des comportements spécifiques et cohérents avec les représentations que chacun a sur soi, les autres et le monde en général.

Prenons par exemple Clara, dont la position fondamentale est « je suis OK / Tu es OK ». Elle va se comporter da manière respectueuse, prenant soin d’elle et des gens qu’elle rencontre. Mais Clara peut rencontrer Jérémy, au hasard d’une soirée chez des amis, dont la position est « Je suis OK / Tu n’es pas OK ». Jérémy se permettra un geste déplacé à l’encontre de Clara qui s’en trouvera troublée et déconcertée. À chaque rencontre, la position de vie choisie par chacun permettra de trouver des points de convergence ou de divergence chez l’autre. Les comportements constructifs se manifesteront chez les individus qui partagent les mêmes considérations et des points de vue convergents, à partir d’une position : Je suis OK / Tu es OK.

Une personne dont la position de vie est « je suis OK / tu es OK » acceptera les autres tels qu’ils sont, indépendamment de leur propre position. Mais à moins d’être psychothérapeute ou dans un métier d’accompagnement, à plus ou moins long terme les relations risquent de se dégrader avec ceux qui ont une vision négative d’elles-mêmes ou des autres.

Nous représentons les positions dans une grille proche de « l’enclos OK » de Ernst[2] pour observer la distance des points de vue entre les personnes. Nous graduons les axes du tableau avec une échelle arbitraire qui va de 0 à 100, en valeur absolue. Cela signifie que la valeur intrinsèque attribuée, à soi et aux autres, est propre à tout individu. Même si deux personnes ont des positions de vie similaires, leurs pensées, émotions et comportements, au regard d’un même événement, sont (heureusement) différents.

Par exemple, dans cette grille, Pablo a une position « je ne suis pas OK / Tu es OK » élevée. Il se dévalorise fréquemment devant des figures d’autorité qu’il va mettre sur un piédestal. Mais parfois, il arrive à surmonter son appréhension et dire ce qu’il ressent à son chef. Béatrice a une position « Je suis OK / Tu es OK » mais a aussi un regard très critique sur les injustices commises dans le monde qui pourrait la conduire vers des comportements agressifs. Elle en a conscience et sait se maitriser. Lisa, avec une position de vie similaire à celle de Béatrice, montrera plus de distanciation et d’acceptation dans ses réactions face à un même événement.

Julien a du mal à comprendre Antoine, qui voit la vie en noire. Il aura tendance à jouer des jeux dans un rôle de Persécuteur avec Antoine et Sauveteur avec Pablo.

Lisa et Béatrice s’entendent parfaitement bien. Elles savent se parler pour se dire ce qui va comme ce qui ne va pas. Lisa a essayé à plusieurs reprises de montrer les points positifs de la vie à Antoine mais rien n’y fait. Elle se sent lasse et met de la distance dans sa relation avec lui.

Nous pourrions décrypter de nombreuses relations, y compris les  jeux psychologiques, à partir de cette matrice. Chacun pourra s’autoévaluer et positionner ses proches pour mieux comprendre les processus relationnels, en gardant à l’esprit que cet exercice est un point de vue sur soi et les autres et n’est pas une vérité.

OKness

 Ce néologisme est de Berne lui-même. On le rencontre pour première fois à la page 268 de « principes de traitement thérapeutique en groupe » et nous pourrions le traduire par la capacité à s’accepter et accepter ce que disent, pensent, ressentent les autres. Nous ne sommes plus dans une décision structurale mais dans une approche relationnelle. Ce ne sont plus seulement des projections construites à partir de sa position existentielle, sur ce qu’est ou devrait être la vie, mais des réactions à des stimuli. L’OKness se façonne au fil des rencontres et comme Ernst l’a expliqué, « aller de l’avant avec l’autre », c’est à dire se mettre dans une disposition de coopération, contribue aussi à modifier sa position et à se rapprocher de « je suis OK / Tu es OK ».

[1] Eric Berne – Principes de traitement psychothérapeutique en groupe – Ed AT

[2] Franklin Ernst – L’enclos OK une grille « pour aller de l’avant avec l’autre » – CAAT 1

La temporalité des états du moi

temporalite_edmUn des concepts fondamentaux de l’AT est « les états du moi ». Berne nous en a donné la définition suivante[1] : un état du moi est un système cohérent d’émotion et d’expérience relié directement à un système cohérent de comportement correspondant».

Il y a 3 états du moi, Parent, Adulte, Enfant qui forment notre personnalité (la majuscule désigne l’état du moi et le différencie du nom commun).

Le Parent se développe dans l’enfance. Il correspond à ce qui a été transmis par nos parents et les personnes qui ont eu de l’influence sur l’enfant que nous avons été. Ces personnes sont appelées « figures parentales ». Ainsi, nous avons des valeurs qui nous ont été transmises, une vision du monde, une religion, des partis pris politiques…

A certain moment, nous nous exprimons comme nos parents le faisaient, nous sommes dans notre état du moi Parent.

L’Enfant se développe également dans l’enfance. C’est le résultat de nos expériences précoces. Par exemple, l’enfant a pu observer que s’il exprime tel sentiment sa mère lui prêtera plus facilement attention ou avec tel autre, il se fera rejeter. Il a compris que sa façon d’agir entrainait des réactions chez les autres, particulièrement chez ses proches. A l’âge adulte nous reproduisons parfois ces comportements anciens et nous sommes alors dans notre état du moi Enfant.

L’Adulte est l’état du moi du présent. Il fait la distinction entre les évènements anciens et la réalité de « l’ici et maintenant ». Nous sommes dans notre état du moi Adulte quand notre comportement est une réponse cohérente aux sollicitations d’aujourd’hui.

Un exemple :

Votre fille de 17 ans vous demande l’autorisation de sortir samedi soir.

Réaction du Parent : Tant que les enfants ne sont pas majeurs ils ne doivent pas sortir.

Réaction de l’Enfant : La nuit est dangereuse, j’ai peur qu’il lui arrive quelque chose

Réaction de l’Adulte : Quelles sont les conditions de cette sortie : avec qui, où, jusqu’à quelle heure ?

En terme de temporalité le Parent et l’Enfant sont les états du moi du passé et l’Adulte celui du présent. Comment fonctionnent-ils quand il s’agit d’appréhender le futur ?

Partons d’un exemple : Dimanche prochain j’irai à l’église (ou à la synagogue,  au temple, à la mosquée, au stade, à la salle de jeux…).

Le Parent se projette dans ce futur pour rester loyal à ses croyances inculquées. Il les alimentera également avec les messages qu’il recevra du prédicateur.

L’Enfant a envie de retrouver ses amis, de passer un bon moment. C’est le désir qui l’anime.

L’Adulte ne peut que planifier l’événement dans son agenda avec la volonté de se rendre disponible au jour prévu.

En résumé Parent et Enfant peuvent se projeter vers l’avenir. Le Parent, dans un pacte de  loyauté avec ses croyances d’autrefois  et l’Enfant, pour satisfaire ses désirs.

L’Adulte organise le présent avec la volonté de construire le futur.

En fonction de sa capacité à utiliser ses états du moi, de la fluidité de passer de l’un à l’autre, chacun envisagera l’avenir avec le Parent, l’Adulte, l’Enfant, deux d’entre eux ou les trois simultanément.

[1] Berne, Eric : Principes de traitement psychothérapeutiques en groupe

Les écoles récentes en AT

Le monde évolue et l’AT aussi. Le premier cercle des proches d’Eric Berne ayant montré la voie, d’autres analystes transactionnels leur ont emboité le pas en intégrant leur pratique à la théorie. L’AT continue donc à se développer. José Grégoire, dans son livre Les orientations récentes de l’analyse transactionnelle, a recensé plusieurs écoles, à noter que tous ces théoriciens sont du champ Psychothérapie . Citons ici ces nouvelles écoles.

  • L’analyse transactionnelle psychanalytique, de Carlo Moïso et Michele Novellino ;
  • La psychothérapie intégrative, de Richard Erskine et Rebecca Trautmann ;
  • L’analyse transactionnelle relationelle, de Charlotte Sills et Helena Hargaden ;
  • L’approche corporelle relationnelle, de Bill Cornell ;
  • L’analyse transactionnelle co-créative, de Graeme Summers et Keith Tudor ;
  •  L’approche narrativiste, de Jim et Barbara Allen.

 

Question

Quel lien entre l'AT et d'autres approches psychothérapeutiques ?

On connaît l’attachement de Berne à la psychanalyse et à son fondateur Sigmund Freud. Jusqu’à la fin de sa vie Berne est resté un grand admirateur de Freud même si sa pratique l’a amené à développer l’AT, mettant ainsi de la distance avec la psychanalyse. Le divan est resté présent dans sa salle de consultation.

Les années 60 ont vu aussi se développer l’école de Palo Alto, à quelques kilomètres de Carmel. Eric Berne était l’ami de Grégory Bateson, le fondateur de l’école. Il était également l’ami de Fritz Perls, qui s’est aussi éloigné de la psychanalyse pour créer la Gestalt thérapie. Notons enfin plusieurs référence dans l’œuvre de Berne à Alfred Korzybski, inventeur de la sémantique générale, dont le but était de montrer l’influence du langage dans les comportements. Quelques années plus tard la PNL exploitera l’idée que la carte n’est pas le territoire.