L’AT est une méthode contractuelle

Un contrat est un engagement bilatéral explicite en vue de réaliser une action bien définie.

Berne – Principes de traitement psychothérapeutique en groupe

« – Voudriez-vous me dire, s’il vous plaît, par où je dois m’en aller d’ici ?

– Cela dépend beaucoup de l’endroit où tu veux aller.

– Peu m’importe l’endroit…

– En ce cas, peu importe la route que tu prendras. »

Lewis Caroll – Alice aux pays des merveilles

Dans l’accompagnement des personnes, sans contrat explicite pour définir un objectif,  chacun va à l’endroit qu’il imagine être le bon, provoquant ainsi des incompréhensions  et favorisant les jeux psychologiques.

Le contrat en pratique

Dans son livre Principes de traitement psychothérapeutiques en groupe, chapitre 2, Eric Berne cite trois aspects de contrats, qui devront être synthétisés pour n’en faire qu’un.

Le contrat administratif porte sur les aspects pratiques et réglementaires : où se déroulera la prestation, à quel tarif, pour quelles personnes. Certains pays ont des lois particulières qu’il faudra respecter. Par exemple, en France, pour une prise en charge financière de la formation professionnelle, il faut une convention.

Le contrat professionnel porte sur les objectifs de la prestation. Que vient chercher un client dans sa thérapie, pour quoi faire ? Cette question se pose pour tout type d’accompagnement. Elle permet de clarifier les attentes des clients au regard des compétences du praticien.

Le contrat psychologique concerne les besoins des personnes dans un environnement proche, conscients ou non, qui vont avoir de l’influence sur le déroulement de la prestation. Par exemple, former trop rapidement peut avoir des conséquences négatives sur un chiffre d’affaire, ce qui peut mettre le formateur en difficulté, indépendamment de ses résultats. Le contrat psychologique va, inconsciemment, inciter le formateur à ralentir. Le praticien devra veiller à ce qu’il n’ ait pas de contrat psychologique entre lui et son client.

 

 

Dans son livre Des scénarios et des hommes, Claude Steiner met en avant quatre conditions nécessaires à la bonne exécution des contrats.

Le consentement mutuel implique que le praticien et son client sont tous deux d’accord pour travailler sur des objectifs précis qui vont aider le client à sortir d’une difficulté.

L’obligation réciproque signifie qu’en contrepartie du travail du praticien, le client donne quelque chose en retour. Très souvent il s’agit d’argent ; le praticien est payé pour sa prestation. Néanmoins, ce que donne le client peut être d’une autre nature, par exemple, une prestation dans ses compétences.

La compétence est l’aptitude légale à passer un contrat. Autrement dit, le contrat ne sera valable  que si la loi reconnaît le client comme responsable. D’où l’impossibilité de passer un contrat avec une personne mineure ou sous l’emprise de substances empêchant l’accès à toutes ses facultés (alcool, drogue, médicaments…)

L’objet légal est la dernière condition. Le contrat ne peut pas être en violation de la loi.

Fanita English apporte sa pierre à l’édifice du contrat dans un article intitulé Le contrat triangulaire. Il concerne plus particulièrement une activité de groupe comme la formation, mais peut aussi s’appliquer à certains contrats de coaching individuels.

 

Il s’agit de vérifier auprès des participants si le contrat que j’ai passé avec le donneur d’ordre, appelé ici Grande Puissance, correspond à ce qui a été compris et est attendu. Nous pouvons lever ainsi toute attente imaginaire et clarifier ce qui sera réalisé dans la prestation.

L'éthique du contrat

Le contrat est une des pierres angulaires de l’AT et c’est ce qui la différencie des autres approches. Partant du principe que le client est une personne responsable, il le positionne dans une relation d’égal à égal avec le praticien. C’est la raison pour laquelle le praticien n’intervient que sur l’objet de la demande. Même s’il voit d’autres aspects à traiter chez son client, l’intervention est liée au contrat et oblige le praticien à se maintenir dans cette position d’équité. C’est dans cet esprit qu’Eric Berne a voulu rendre la pratique de l’AT compréhensible par ses clients, pour qu’ils puissent être parties prenantes de leur traitement.

Question

De qui Steiner s'inspire-t-il ?

Claude Steiner remercie explicitement William Cassidy, juriste, dans son livre Des scénarios et des hommes. Il a été le premier à suggérer qu’il existe une similitude entre les contrats légaux et les contrats thérapeutiques, tels qu’ils sont pratiqués en AT. Les quatre exigences qu’évoque Steiner se retrouvent donc également dans les contrats légaux.

En effet, prenons le contrat de travail pour exemple.

Le salarié signe un contrat de travail. En ce sens, lui et l’employeur s’accordent sur les tâches à effectuer.

Le salarié touche un salaire à chaque fin de mois pour les tâches réalisées.

Il est compétent à la signature du contrat, il a au moins l’âge légal pour travailler, et présente un CV qui n’est pas falsifié.

Enfin, ses missions s’exercent dans un cadre légal. Il ne doit pas effectuer des tâches qui seraient en violation de la loi. Si c’est le cas, il peut les refuser, voire alerter les autorités compétentes.